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Je ne me réjouis pas de l’élection de Nicolas Sarkozy.

Je ne croyais déjà pas beaucoup en son prédécesseur et n’avait jamais réussi à développer un quelconque respect à son endroit, mais il me semble je m’habituerai encore moins au nouveau président, choisi par la confortable majorité (53%) d’un nombre record (85%) d’électeurs.

On a vu, dès dimanche soir, que la « rupture » n’était pas un mot en l’air. En une allocution de candidat victorieux, un nouveau président a pris la parole et a redessiné le visage de notre politique étrangère, europénne, et a montré qu’il allait réformer vite et fort.

Je ne me réjouis pas de notre future politique d’immigration qui va à l’encontre de ce que je sais et de ce que je crois, du futur positionnement de la France dans le monde, du communautarisme comme facteur d’intégration ou des valeurs religieuses défendue par notre nouveau et fort légitime président.

Evidemment, maintenant que c’est fait, formons le voeu que la vision de Nicolas Sarkozy soit juste, que ses recettes pour résoudre les problèmes portent leurs fruits, parce que ce serait notre intérêt bien compris.

Mais je n’y crois pas exagérément.

Je suis soufflé d’avoir aussi peu vu venir l’élection de cet homme et des renseignements qu’elle nous donne sur la structure de l’électorat français, après les diverses crises politiques que nous avons vécues ces dernières années.

En relisant « Politique Fiction » (que vous trouverez sur ce blog pendant quelques jours encore et puis pfuitt…) je m’aperçois de quelques bonnes intuitions et de petits coups de bol (Emmanuelli va vraiment créer un parti de gauche prochainement, par exemple) mais d’une lecture très imparfaite des élections de 2002.

La France a réellement glissé vers sa droite, ce que certains analystes politiques comprennent par le vieillissement de la population et l’attachement des anciens aux thêmes de l’odre, de la défense des traditions, de la religion et autres sujets d’inquiétudes, voire de peurs, et du coup la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle 2002 n’était pas seulement une sanction de la trop longue période de cohabitation Chirac-Jospin.

Du coup, la rénovation de la gauche socialiste et son futur coup de barre vers le centre, l’élection du candidat « sortant » et la faiblesse idéologique du P.S. étaient des clés qui me manquaient pour saisir le couple à trois que vont former désormais Sarkozy, Bayrou et le successeur de Hollande pour arbitrer les multiples décisions à prendre après la trop longue hypersomnie de Chirac.

Je vais désormais avoir le loisir de m’intéresser un peu à autre chose, parce que la france du Président Sarkozy ne m’amuse pas encore.

En tout cas, même si sa conclusion ne m’a pas exalté, c’était quand même une belle épopée, cette présidentielle !

– Maman, maman, pourquoi c’est pas moi le président ?

– Tu veux être président ?

– Oui ! Oui !

En croisant la jeune maman et son petit garçon à l’avenir présidentiel, je m’assurai que j’étais sur le bon chemin pour mon bureau de vote de la rue Jean Jaurès (ça ne s’invente pas).

Je m’approchai des piles de bulletins et une retraitée souriante me dit avec le ton de la phrase répétée déjà une bonne centaine de fois :

– Monsieur, vous devez prendre au moins deux bulletins.

Ayant décidé depuis longtemps que je ne voterai pas avec mon coeur mais avec ma tête, il me semblait parfaitement inutile de m’encombrer de deux bulletins, mais j’avisai un autre bulletin qui me semblait amusant et je m’enfermai dans l’isoloir.

Sur le chemin du retour, où je m’apercevais que c’était la première fois que je votais depuis 14 ans, je continuai à m’étonner du nombre de gens qui ne parlaient que de la présidentielle et de comment ils avaient voté ou allaient le faire.

Hé, vous avez choisi quel président ? répétait notamment une fillette à ses parents qui ne l’écoutaient pas.

Je suis déjà bouffé par l’impatience de connaître les résultats de ce soir et ravi de savoir que la participation n’avait jamais été aussi importante depuis ma naissance.

Quoi qu’il arrive, je ne regretterai pas mon vote.

A cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les candidats mettent le « dernier coup de rein » (dixit Bayrou) pour séduire leur électorat et celui du voisin (ou de la voisine), le scénario des « quatre grands candidats dans un mouchoir de poche » qui nous est promis depuis des semaines, ne me paraît, d’un seul coup, plus crédible.

Depuis le début de la campagne, quelques verités nouvelles se sont imposées. Royal tient la route, elle s’améliore même dans la dernière ligne droite, Sarkozy s’essouffle et recommence à inquiéter une partie des électeurs, Bayrou a réussi son opération de séduction mi-contestataire mi-conservatrice et Le Pen, à trop radicaliser son discours, a pris le risque de se couper des voix modérées qui ont fait son succès en 2002.

Et puis, ce qui était beaucoup plus attendu : le grand gagnant de cette campagne est le vote utile. Les « petits candidats » se situent dans une fourchette particulièrement basse et ont toutes les peines du monde à convaincre qu’ils représentent une alternative crédible (souvent parce qu’ils n’en sont pas convaincus eux-mêmes mais passons…).

Chaque élection présidentielle comporte une surprise de taille au premier tour et il est donc relativement prévisible que celle-ci en comporte une, même si les sondeurs n’osent plus tenter de pronostics sur la question.

Du coup, je vais tenter ma chance.

En me fondant sur les impressions que me laissent cette campagne, les faits divers qui l’ont émaillée et les dynamiques autour de chacun des quatres candidats principaux (UMP, PS, UDF, FN) il me semble presque évident que l’un d’entre eux va brusquement dévisser dimanche soir.
On aura un tiercé gagnant dans « un mouchoir de poche » et le quatrième entre 10 et 15%. Le quatrième sera Le Pen ou Bayrou mais plus probablement Le Pen.

De plus, je suis prêt à parier gros que le score de Sarkozy sera plus bas que celui prévu par les sondages et celui de Royal bien plus haut. Cette dernière pourrait même être en tête.

On n’a plus que quelques jours à attendre. Je me réjouis déjà de ma soirée de dimanche, que je vais passer – une fois n’est pas coutume – devant la télé pendant des heures, à me délecter des différentes interventions, des trognes des déçus et de la joie des vainqueurs tout en écoutant déjà l’avis des politologues sur le second tour de la présidentielle.

En attendant, je m’appliquerai la règle que je chuchotte à l’oreille de tous mes proches : je vais choisir mon candidat ou ma candidate parmi les deux ou trois qui ont une chance d’être au second tour.

Et puis, bien sûr, j’irai voter.

Après leur extraordinaire succès parisien, les « Enfants de Don Quechua » entament une tournée en province (Lyon, Lille, Toulouse, Rennes…) histoire de faire signer leur charte (ce que vous pourrez faire ici) et de montrer le (très joli) minois de leur président Augustin Legrand (que le Nouvel Obs, un peu fâché avec les prénoms en ce moment, persiste à appeler Jean-Baptiste) jeune comédien de 31 ans dont certaines mauvaises langues disent qu’il avait bien besoin de toute cette publicité vu qu’il ne tourne plus depuis 2005.

Entre temps Hollande s’est empressé de signer la charte au nom du PS, histoire de donner raison à la sous-ministre Vautrin au sujet de la récupération politique quéchuienne du côté de l’opposition.

Aujourd’hui Le Monde indique hardiment qu’après le débat sur la scolarité des enfants étrangers en juin et les expulsions de Cachan cet été, un troisième sujet de société s’impose et pèsera sur la présidentielle de 2007 : celui des sans-abris.

De bons sentiments, une mobilisation nationale, un brin de récupération politique… les ingrédients sont donc réunis pour faire un joli feuilleton d’hiver, vendre des tentes Quechua et meubler le 20h de TF1.

Si ça se goupille bien, Besancenot et Buffet finiront par hurler dans un porte voix au milieu de tentes rouges, Royal fera de belles promesses pendant que la droite se prendra les pieds dans le tapis (la fameuse sous-ministre se vautre pas mal, déjà) et rendez-vous sera pris pour avril 2007.

Du coup, même si la démarche de l’association quéchuienne est sincère (et pourquoi en douter ?), quel sera son impact sur la vie quotidienne des sans-abris ?

Comment croire que le personnel politique fasse réellement avancer un sujet quelconque alors que le ping pong démagogique pré-présidentiel a commencé depuis plusieurs semaines ?

NDH : Et comment en vouloir à ceux qui ironisent sur la marque des tentes deployées sur le Canal Saint-Martin ?

Au moment où va aboutir le projet de chaîne internationale française de l’information (qui portera finalement le nom de France 24), Chirac-président verra la concrétisation d’une idée qu’avait lançée Chirac-premier-ministre en… 1987.

Et c’est, peut-être, le moment de rappeler l’empreinte que laissera Chirac sur bon nombre de réformes qui ont touché, voire révolutionné, le paysage audiovisuel français.

Petit retour en arrière.

En 1949, la Radio-Télédiffusion Française (RTF) est créée (en lieu et place de la Radio-Diffusion Française – RDF) et s’occupe, notamment, de la seule chaîne de télévision française, qui émet depuis 1935 et qui a survécu à l’occupation allemande. Radio-PTT Vision, devenue Fernsehender Paris sous l’occupation, puis Paris-Télévision, devient la RTF.

En 1963, la RTF lance une seconde chaîne de télévision, baptisée « Chaîne 2 » et dès 1964, le général de Gaulle crée l’ORTF, sur le modèle de la BBC britannique. Et c’est l’ORTF qui va lancer la troisième chaîne française, « Couleur 3 », en 1972.

Arrivé en 1974 à Matignon, Chirac va concrétiser le projet d’éclatement de l’ORTF en sept organismes disctincts, dont Télévision Française 1 (TF1), Antenne 2 et France-Régions 3 (FR3).

C’est la première révolution audiovisuelle chiraquienne. Ce n’est pas son idée, mais c’est lui qui la met en oeuvre.

Mitterand, devenu président, ouvre les canaux hertziens aux entreprises privées et « offre » la quatrième chaîne à Havas (TVCS, devenue canal 4, devenue Canal +), en 1984, la cinquième au désormais célèbre Berlusconi, qui crée La Cinq en 1986 et la sixième à Publicis, qui ouvre TV6 en 1986.

De retour à Matignon pendant la première cohabitation, Chirac s’engouffre dans la voie ouverte par le chef de l’état et lance un appel d’offre, destiné à privatiser TF1 (alors que c’est FR3 qui devait initialement y passer), qui fait baver les groupes privés Hachette, Lagardère et Bouygues. C’est officiellement le « mieux-disant culturel » (qui a connu l’aboutissement que l’on sait) proposé par l’entreprise de BTP qui permet à Françis Bouygues de rafler la mise pour 3 milliards de francs en 1987. Chirac en profite pour annuler la concession de TV6 et offre le sixième canal à RTL et la Lyonnaise des Eaux qui créent Métropole-Télévisions (M6) en 1987.

C’est la seconde révolution audiovisuelle chiraquienne, qui marquera les esprits et qui ouvrira un serpent de mer (désormais oublié), celui de la privatisation d’Antenne 2.

Puis, c’est sous un gouvernement de gauche que les deux chaînes publiques se regroupent (1989), puis se rebaptisent (1992) France 2 et France 3, que La Sept émet ses premiers programmes (1989), vite absorbée et remplacée sur les ondes par l’européenne ARTE (1992) et c’est Balladur qui créera La Cinquième en 1994, sur le canal laissé vacant par le traumatique décès de La Cinq en 1992.

C’est encore sous un gouvernement de gauche, celui de Jospin, que les restes de la télévision publique connaissent une nouvelle révolution, en 2000, lors de la création de la holding France Télévisions S.A. qui absorbe La Cinquième (qui deviendra France 5 en 2001).

Et c’est sous la présidence de Chirac que se produit, de nouveau, une révolution qui marquera l’histoire de la télé française, l’avènement de la télévision numérique terrestre (TNT) en 2005 et la création, dans la foulée de France 4 (ex-Festival avec un petit bout de ARTE dedans), Direct-8 (groupe Bolloré), W9 (groupe M6), NT1 (groupe AB, les producteurs de Dorothée dans les années 90), NRJ 12 (groupe NRJ, qui avait participé à la création de TV6, dans les années 80), Europe 2 TV (Lagardère n’avait pas eu TF1 mais il aura sa chaîne quand même) et Gulli (un peu de France Télévisions, avec des vrais morceaux de Lagardère dedans) tandis que les existantes TMC (ex-Télé Monte Carlo), LCP/AN, BFM TV et I-Télé (groupe Canal +) deviennent accessibles gratuitement. Et c’est aussi sur décision de Chirac que France Ô (l’ex-RFO Sat, chaîne métropolitaine sur l’outre-mer) rejoindra bientôt ses petites camarades sur le réseau numérique.

Et c’est dans quelques semaines que la chaîne française d’information internationale finira enfin par voir le jour, après 19 années de valse hésitation (un pas en avant, deux pas en arrière).

En 1987, le premier ministre demande un rapport sur l’information française à l’étranger. Le rapport, qui indique une fragmentation trop importante d’icelle, souffle à Chirac l’idée d’une chaîne qu’on appelera par la suite « la CNN à la française ».

Chirac n’aura pas les coudées franches avant son élection à la présidence, et il attendra 1997 pour demander à son premier ministre Juppé de plancher sur une Télévision Française Internationale (Télé-FI).

Encore un coup à gauche et un coup à droite et, ironie de l’histoire, c’est le fait que les chaînes américaines d’information continue aient coupé au montage les applaudissements soutenus qu’a recolté Villepin lors de son fameux discours sur l’Irak devant le Conseil de Securité de l’ONU (2002) qui donnera finalement des ailes au projet.

Télé-FI devient CFII ou CF2I et récolte bientôt un budget et une équipe dirigeante, mais n’émet toujours pas.

Le sac de noeuds de sa création retardera finalement le projet jusqu’à cette année 2006, ou l’hybride fille de TF1 et de France Télévisions verra le jour sous le nom de France 24 (parce, décidémment, « France 1 » ne plaisait pas aux remplisseurs de « temps de cerveau disponible »).

Difficile de savoir comment va tourner « Télé-Chirac » (comme ses détracteurs aiment à la nommer) mais l’utopie (peut-on la qualifier de gaulliste ?) de faire entendre « la voix de la France » en français, en anglais, en arabe et en espagnol va devenir realité le 6 décembre 2006.

Et si on prend l’exemple de CNN en 1991, le plus beau cadeau qu’on puisse souhaiter à la petite dernière du P.A.F. c’est…

…une bonne guerre.

NDH : La naissance de la télévision française a eu lieu dans les studios de la rue Cognacq-Jay, a Paris.

Dans le documentaire sur Chirac qui vient d’être diffusé ces derniers jours sur France 2 (et qui dément un peu les propos de Bayrou sur la collusion des médias et des politiques – puisque Carolis a laissé diffuser un documentaire « au vitriol » sur l’homme qui lui a offert la télévision publique) une des idées défendues est que le président actuel, en se positionnant au centre-gauche (à l’élection de 1995, notamment, avec la fracture sociale) a laissé la place, à droite, au discours musclé de Le Pen.

Cette explication tendrait à démontrer qu’il existe un fort électorat de droite qui se reconnaît mieux dans les propositions de Le Pen ou de Sarkozy sur un ordre social qui doit être maintenu par une autorité forte (policière, notamment) que dans le discours humaniste de Chirac.

Ainsi, la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 trouve de nouveaux éléments d’explication et les stratégies actuelles de Royal (encadrement militaire, notamment) et de Sarkozy (racaille, kärcher) deviennent d’autant plus limpides.

Le « débat » (il paraît que c’en était un) d’hier soir entre les candidats à l’investiture socialiste a tourné, entre autres, sur cette notion d’ordre.

Lorsque Royal propose de créer des « jurys populaires » qui devraient contrôler le travail des élus (les français sont des experts), elle le fait suite à un sondage qui indique que 60% des français pensent que leur classe politique est corrompue.

Ce qui fait dire à son principal compétiteur, Strauss-Kahn, « Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’on peut bâtir une société sur la suspicion généralisée » (en considérant notamment que les élus sont corrompus).

Ces dernières années, ce clivage existait entre la gauche et la droite. La droite, au nom du pragmatisme, mettant l’accent sur la répression (immigration, radars automatiques, alourdissement des peines…) la gauche, au nom de l’humanisme, continuant à croire à la prévention (associations de quartiers, police de proximité…).

Depuis le début de sa campagne, Royal est de plus en plus souvent accusée d’être « de droite », ce qui prouve, à mon avis, qu’elle a compris comment se faire élire.

Et que la « lepénisation des esprits » (formule paranoïaque par excellence) consiste simplement à remettre dans le débat les positions de la droite classique, dont Chirac n’a jamais fait partie (et pour laquelle il a toujous eprouvé un certain mépris).

La différence entre la gauche et la droite est donc toujours aussi brouillée et, contrairement à ce que je pensais, le match Royal/Sarkozy (s’il a lieu) a peu de chances de l’éclaircir.

Depuis que Mitterand s’est fait élire à gauche pour gouverner au centre-droit, que Chirac s’est fait élire à droite pour gouverner au centre-gauche, les politiques les plus ambitieux semblent croire que c’est la façon normale de se faire élire et de gouverner en France.

Si elle est désignée par le P.S. le 16 (ou le 23 novembre) Royal remettra probablement un « coup de barre » à gauche pour se distancier de son futur compétiteur UMP, mais la mitterrandienne n’aura donc en rien inventé « une nouvelle façon de faire de la politique ».

En conclusion, il semble qu’une nouvelle notion (après l’Effet Narcisse) fasse son entrée dans la campagne, au travers de la notion (pas trop nouvelle, je vous l’accorde) de l’ordre.

Une notion qui risque – l’heure n’étant pas à la demi-mesure – de diviser nos élus en deux catégories : les angélistes et les paranoïaques qui choisiront leur camp en dehors, comme d’habitude, de de qu’on appelle, sans doute abusivement depuis la fin des années 70, le clivage gauche-droite « classique ».

Alors, qui sera notre prochain(e) président(e) : l’ange ou le diablotin ?

Les paris seront bientôt ouverts.

La fracture entre les stratégies politiques de Royal et de Jospin, dont je jactais ici devient plus explicite depuis la confirmation de la « candidature à la candidature » de la première et le retrait du second (et se révèle plus générale que je ne l’envisageais dans un premier temps).

Si on en croit, un (nouveau) fabiusien, Mickaël Moglia (photo ici), « La rénovation ne consiste pas à contourner le parti, à dire le contraire de notre projet, à ériger les Français en meilleurs experts. »

Peut-être les proches de Fabius ne sont-ils pas les mieux plaçés pour clamer cette leçon puisque, selon ses propres camarades socialistes, leur leader a decidé de faire campagne pour le « non » après avoir compris que les français allaient faire de même et non par conviction personnelle (on pourrait dire que ce sont des mauvaises langues qui tiennent ce genre de discours mais la carrière politique de Fabius, avant 2005, confirmerait plutôt cette hypothèse).

Mais si on admet que Fabius n’a pas de leçon à donner sur le sujet, on peut retenir également la phrase de Dominique Strauss-Kahn (tout en dansant la biguine, évidemment) : « le renouveau ne doit pas conduire à toutes les échappées vers les demandes de l’opinion. C’est à nous de structurer la vision politique, pas de la recevoir ».

DSK étant désormais le candidat des rebelles socialistes qui en ont marre de bouffer du Royal (Canin – oui, on peut la faire puisque la dame s’est fait limer les dents avant de lancer sa candidature à la candidature, comme DSK s’est fait refaire les paupières mais passons), on peut imaginer que cette phrase va être entendue, et peut-être même avoir un certain impact à gauche.

Dans l’émission de Giesbert (sur France 5, le samedi à 19h), Rocard rappelait que c’était exactement cette ligne – « des experts ou des veaux » – qui l’a toujours separé de l’homme pour lequel il n’a « pas de respect », c’est à dire Mitterand.

Même Villepin, qui semble tenté de se remettre dans la course à la présidentielle, sous-entend (desolé je ne trouve plus la citation) que la campagne de Sarkozy n’est pas la bonne et qu’un homme politique doit fixer le cap et non se laisser dicter sa conduite par la rue.

Enfin, Bayrou – de moins en moins diplomate – se fait l’écho des impressions des français sur leur personnel politique, dénonçant la collusion entre les médias et les élus, fustigeant (depuis ce matin) « les puissants aux habitudes méprisantes«  et critiquant vertement notre système politique actuel (interview que vous trouverez ici).

Voilà donc un sujet qui dépasse très largement les petites personnes de Royal et de Jospin et qui se situe dans un contexte historique dont Rocard (un brin revanchard ?) fixe, comme point de départ, la prise de contrôle du P.S. par Mitterand en 1979  [et dont Giscard (un brin revanchard ?) fixe, comme point de départ, la « trahison » – dont il s’estime victime – de Chirac en 1981].

Ce qui constituerait, toujours selon Rocard, la conséquence logique et malheureuse de l’élection du président de la république au suffrage universel direct.

On pourrait ajouter que c’est une conséquence « logique et malheureuse » de la présence d’un leader populiste au second tour de l’élection présidentielle de 2002 et que la stratégie des Bayrou-Royal-Sarkozy en est influençée (pour le meilleur, on l’espère, mais aussi pour le pire).

Dans ce cas, on pourrait penser que l’onde de choc du 21 avril 2002 n’est toujours pas retombée et que même si Le Pen fait moins de 10 % (ce qui est très improbable) au premier tour de la présidentielle de 2007, il sera toujours l’homme politique qui a le plus d’influence dans son déroulement.

Ce dernier étant, peut-être, celui qui aura introduit en France une « nouvelle façon de faire de la politique » ayant vocation à devenir, désormais, la règle générale.

***

Au fait, depuis 2002, la plupart des partis politiques nous promettent des réformes institutionnelles majeures allant même, pour certains, jusqu’à instaurer une VIème République, ce qui serait une des options pour trancher ce fameux débat.

Pourquoi ils n’en parlent plus ?

NDH : « L’effet Narcisse » est une technique publicitaire consistant à s’attirer les faveurs des consommateurs en se faisant l’écho de leurs préjugés.

Apparemment, l’opposition tranquille, mais affichée, de Jospin contre la stratégie de Royal peut être comprise sur une phrase, que notre féministe socialiste préférée a souvent à la bouche : Les français sont mes experts.

On peut d’ailleurs noter, tout de suite, que Royal partage cette opinion avec son principal compétiteur actuel (du moins, d’après les sondages) le « petit maître à penser » de l’émérite philosophe Doc Gynéco, c’est à dire Sarkozy (et pas avec feu le Général de Gaulle, pour qui les français étaient « des veaux« ).

La stratégie consiste donc à tenter de refléter l’opinion de l’électorat dans le but légitime de se faire élire par lui.

Et quand je dis légitime, je ne veux pas dire « sain », parce si Royal et Sarkozy sont pour le moment dans une stratégie électoraliste, il est probable que l’un(e) d’entre eux devra, ensuite, gouverner, ce qui suppose de prendre, parfois, des décisions qui ne feront pas plaisir aux citoyens français, et de les assumer quand même.

L’exemple par l’absurde étant l’attitude adoptée par Villepin dans l’affaire du contrat première embauche. La rue n’en voulait pas, mais il a tenu bon, le plus longtemps possible (avant de refiler la patate chaude à Chirac, qui a dû trancher la question avec le succès et l’intelligence politique que l’on sait).

Jospin, lui, s’incrit en faux contre cette vision de la politique et a rappelé, ces temps-ci, que les français étaient certes des électeurs mais pas exactement des experts. Demander à la rue de décider de l’éventuelle fusion Suez-GDF, par exemple, ne serait pas une idée lumineuse selon lui.

D’ailleurs, selon moi, demander aux français s’ils leur paraît bon de ratifier un Traité de Constitution Européenne, ne paraît pas une idée plus brillante, d’autant que, dans ce cas de figure, ceux qu’on paye pour nous servir d’experts – nos élus – n’étaient pas d’accord entre eux (souvent pour des raisons démagogiques, mais on ne va pas parler de Fabius à chaque fois non plus).

Bien sûr, si on va au bout de la logique de Jospin, les « français » ne seraient pas non plus les mieux plaçés pour juger de la personne de leur président(e) et il vaudrait mieux, dans ce cas, supprimer l’élection présidentielle au suffrage universel direct, ce que réclame, notamment, Rocard.

Royal et Sarkozy auraient beau jeu de répondre à Jospin qu’ils ont compris, eux, les enseignements de la présidentielle de 2002 et du référendum de 2005 et que, pour permettre à l’électorat français de renouer avec sa classe politique, il est temps que ladite classe politique lui parle dans son langage (avec des portes-parole comme Johnny Hallyday si nécessaire).

La limite de cet exercice étant, bien entendu, de basculer dans la démagogie, ce qui semble ne pas beaucoup poser de problème éthique ni à la probable candidate PS ni au (très) probable candidat UMP à l’élection présidentielle de 2007.

A contrario, Jospin, à force de se refuser à pratiquer la démagogie, a fait une campagne de technocrate rasoir en 2002 et s’apprêtait à faire de même s’il avait été candidat une nouvelle fois. Et probablement, donc, à perdre une seconde fois.

On est tenté, face à ce dilemme, de choisir son camp entre ces deux positions.

Mais peut-être peut-on aussi, en tant qu’électeurs, choisir une position plus pragmatique qui consiste à considérer l’élection présidentielle comme une comédie de guignols dans laquelle on a besoin de premiers rôles à la Royal et à la Sarkozy, sachant que, de toutes façons, ils ne gouverneront pas seuls et que leur éventuelle incurie sur les sujets de fond sera forcément compensée par des collaborateurs qui seraient, eux, pour le coup, des « experts ».

Et puis on ne peut pas oublier non plus que nos présidents se sont souvent formés pendant l’exercice de leur pouvoir. Devenant souvent bien meilleurs en fin de mandat qu’au début.

Même Chirac (qui a utilisé la stratégie Royal-Sarkozy actuelle) a fini par devenir moins mauvais quand il parle de politique internationale.

C’est dire.

***

Relevé dans la presse, je ne pouvais pas m’empêcher de vous faire partager ce jeu de mots concernant Jospin.

L’austère qui se marre est devenu l’austère qui se barre.

Elle est mignonne, non ?

P.S. Ce billet a été refusé par agoravox.com au motif qu’il « reflétait une opinion personnelle et méritait d’être plus argumenté ». 

Quand on demande à Ségolène Royal quelle est sa vision en terme de politique internationale, elle répond, toutes griffes dehors et avec ce petit air de féministe outragée qu’elle nous joue assez régulièrement :

– Poseriez-vous cette question à un homme ?

A n’importe quel homme, pas forcément, mais la poser à un homme qui se verrait bien président, me paraît tout à fait légitime. Et l’égalité de traitement entre homme et femme exige donc qu’on pose cette question à toute candidate déclarée et donc à « Ségo » même si ça la défrise (ou si elle préfère s’en tirer par une pirouette parce qu’elle n’en aurait aucune, de vision, ce qui est un autre sujet).

On veut bien croire qu’elle aie beaucoup subi la misogynie de ses compagnons et adversaires politiques et qu’elle soit un peu à fleur de peau sur la question.

Mais, à mon avis, la compagne de François Hollande devrait plutôt s’émouvoir des quolibets faussement compatissants dont le premier secrétaire du P.S., père de ses quatre enfants, est devenu la cible quasi quotidienne.

Si on oublie le « Qui va garder les enfants ? » de Fabius (lequel n’est plus à une connerie près ces temps-ci), on peut quand même relever la nouvelle blague à la mode sur Hollande – « l’an prochain, il s’occupera des pièces jaunes » – ou les gentillesses maladroites des sympathisants du P.S. qui le prennent à parti sur le ton de « vous devez en chier, mon bon monsieur, en ce moment ».

Au fond, en quoi la carrière de Royal pourrait gêner celle de Hollande ?
Elle l’empêcherait de représenter le P.S. à la présidentielle de 2007 ? Soyons sérieux, personne n’a jamais vu « Lou Ravi » dans le rôle, il serait célibataire que ça n’y changerait rien.

Elle l’empêche de continuer une carrière politique crédible ? C’est pas très gentil pour Bernadette Chirac et ses électeurs corréziens (lesquels la réélisent depuis 30 ans, mari président ou pas), et surtout ce n’est pas très juste. Je ne vois pas ce qui empêche Hollande de rester premier secrétaire du P.S. ou député et il pourrait même – soyons fous – devenir le premier ministre d’une royale présidente.

Le problème, finalement, c’est que les Hollande-Royal (ordre alphabétique, on ne me cherche pas !) donnent, en ce moment, l’image d’un couple dans lequel ce n’est pas l’homme qui porte la culotte, mais la femme.

Ce qui est une plaie vénéneuse dans la virilité des représentants de la gente masculine actuelle (et surtout passée), et qu’on ne plaisante pas avec ces trucs là, parce que sinon ça va nous mener où, hein, elles vont finir par décider de tout, on servira plus à rien, faut pas déconner déjà qu’elles ont le droit de vote.

Ce n’est pas de la misogynie, c’est sans doute pour cette raison que ça n’empêche pas l’autoritaire présidente picto-charentaise de dormir la nuit, mais c’est tout de même du bon machisme bien primaire, ce qui, à la réflexion, devrait lui paraître tout aussi grave.

Dommage que le féminisme un peu « gros doigts » des Royal, Guigou ou Pécresse ne relève pas ce genre de détails et que ces dames ne se mettent pas à pourfendre, comme de juste, le mythe de l’homme chasseur en exigeant, sur l’heure, réparation.

Voila qui prouve – sans qu’il en soit vraiment besoin – que les femmes politiques sont féministes quand ça les arrange et qu’elles sont donc à égalité avec leurs compétiteurs masculins quand s’il s’agit de faire de la démagogie ou de prendre des postures un peu bidon.

En revanche, dans les lieux communs qui servent de pensée politique à certains de nos élus et de nos congénères, l’un d’entre eux semble donc devenir caduc ; celui qui consiste à croire que les femmes changeront la manière de faire de la politique.

Ca n’en prend pas le chemin.

P.S. Ce billet a été refusé par agoravox.com au motif qu’il “reflétait une opinion personnelle et méritait d’être plus argumenté”.

Lors de la sortie du premier numéro du calendrier des « rugbymen-à-poil », nous étions beaucoup à nous demander si les éditeurs avaient conscience que leur clientèle serait plus masculine que féminine.

Depuis, chaque année, il semble qu’on soit plus proche de l’imagerie gaie, mais cette fois, je dois dire que c’est le pompon.

Moi qui entend depuis des lustres que les hétéros n’osent pas ramasser leur savon, voici que le fameux calendrier montre un type sous la douche, en jock-strap, les fesses offertes au lecteur (et encore, ses attributs génitaux sont planqués, ce qui n’est pas le cas de ceux de certains de ses petits camarades).

Vivement les prochaines éditions, car on peut y espérer le bizuthage anal du petit nouveau sous la douche, des séances de domination avec l’entraîneur et, pour finir l’année en beauté, une belle partouze en noir et blanc pour le mois de décembre.

Avant on se moquait des routiers et de leurs calendriers de femmes à poil, et on les prenait pour des gros pervers.

Il semble qu’aujourd’hui ce soit devenu branché et que ce soit « pour la bonne cause ».

Napoutkwa.

NDH : Les trois « pin up » qui font la promo du calendrier – et qui se sont « bien amusés » (on est ravis pour eux) – restent un peu gênés aux entournures quant il s’agit de répondre si oui ou non ils ciblent une clientèle gaie. Les éditeurs sont devenus plus francs.

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