Quand on s’épuise à tenter de faire entrer des ronds dans des carrés, qu’on cherche pendant de longues heures à comprendre pourquoi on n’y arrive pas, qu’on se flagelle à force de constater sa propre impuissance, alors il faut partir.

C’est tout.

La chaîne de magasins Borders vient de décider de retirer « Tintin au Congo » du rayon enfants de ses enseignes américaines et anglaises, à la suite d’une plainte de la C.R.E. (Commission britannique pour l’égalité des races).

Ce qui mérite, il me semble, quelques explications.

Rappelons-nous, tout d’abord, que le créateur de Tintin, Georges Rémi (alias Hergé, derivé de ses initiales) était belge, tout comme le Congo, ce qui donne un premier élément. Mais on peut y ajouter que ce deuxième album suivait « Tintin au pays des Soviets », ouvrage également décrié pour des raisons à peu près semblables (Hergé s’en expliqua par la suite en indiquant qu’il avait créé ces deux albums alors qu’il vivait « dans un milieu plein de préjugés« ).

L’histoire de la création de « Tintin au Congo » commence par une publication (en épisodes) dans le journal « Le Petit Vingtième » entre juin 1930 et juin 1931. Il s’agissait d’une oeuvre artistique qui avait également des objectifs sociétaux puisque le Congo manquait à l’époque de main d’oeuvre et souhaitait attirer des belges « métropolitains » pour creuser ses sols.

Lorsqu’il fut question de la publier sous forme d’un album, Hergé redessina l’aventure congolaise en couleur, réduisant au passage le nombre de planches (de 110 à 62) et gommant les références coloniales de certains passages.

Ce qui n’est apparemment pas suffisant pour le C.R.E., alors qu’en France l’album ne fait l’objet d’aucun avertissement.

J’entend certaines voix contester le fait qu’on « placardise » une oeuvre artistique majeure qui ne fait, finalement, que refléter la realité historique. Ce qui n’est pas faux.

Mais je me permettrai de répondre qu’il n’y a pas, dans ce cas précis, de censure. Et que personne ne souhaite (en tout cas je l’espère) que cet album soit retiré des étalages. Les américains et les britanniques s’assurent juste de ne pas fâcher les fameuses « minorités visibles » en prenant une décision qui consistera à ne pas laisser croire aux gamins que les relents colonialistes de leurs bandes dessinées favorites sont à prendre au premier degré.

Souhaitons qu’en France les choses se passent différemment, malgré tout. Et qu’on puisse s’inspirer du « Explicit Lyrics » qui colore les albums de musique dont les paroles sont jugées (plus ou moins, ce qui est un sacré débat) subversives afin de prévenir les futurs lecteurs qu’il doivent tenter de prendre leurs distances avec ce qu’ils lisent.

De toutes façons personne n’empêchera même des adultes de comprendre cette histoire comme ils le veulent et même de conforter leur éventuelle vision inégalitaire des races.

…ceci dit, on peut toujours essayer.

Il y a quelques semaines, une amie m’a transmis une version très originale du « I will survive » de Gloria Gaynor qui m’a tellement fait rire que j’ai eu envie de la traduire et de l’adapter légèrement… en version moins hétérosexuelle.

Je ne résiste pas à l’envie de vous la faire partager, à quelques jours des premières marches LGBT de 2007.

Au début j’avais peur, j’étais terrorisé
Tu m’avais tellement vanté ta virilité
Pendant des années j’ai rêvé d’un homme si puissamment membré
Que j’me suis qu’il était temps pour moi de mordre l’oreiller
Et puis ça y est, j’le voit en vrai
Et mon beau rêve d’anaconda s’est tout à coup evaporé
Comment j’ai pu m’faire allumer
Par un ver de terre atrophié
Me fait pas croire que tu pensais
Qu’c’était pas la taille qui comptais

Allez tire-toi,
Sors de chez moi
Remporte ton anchois
Ne me demande pas pourquoi
Je suis baba qu’tu aies pu croire
Que tu arriverais à m’avoir
J’aurais du voir qu’un tel braquemart
Ne rentrais pas dans ton falzard
Mais j’attendrai, oui j’attendrai
Aussi longtemps que je vivrai je rêverai de gros piquets
Quand des braguettes mieux rembourrées s’amèneront dans mon quartier
Je les aurai, je les aurai, hey hey.

J’ai du retenir mon rire, jusqu’à m’étouffer
Quand tu as sorti ta nouillette toute fièrement bandée
Mais au diable ta fierté, tu peux remballer ton objet
Quant à moi, j’m’en vais retrouver mon inusable godemiché

Allez tire-toi,
Sors de chez moi
J’préfère encore me tripoter
Que m’contenter d’ton bâtonnet
Aussi longtemps que je vivrai je rêverai de gros piquets
J’vais pas laisser un freluquet
me faire regretter d’être pédé
Et j’attendrai, oui j’attendrai [ad lib]


Je ne me réjouis pas de l’élection de Nicolas Sarkozy.

Je ne croyais déjà pas beaucoup en son prédécesseur et n’avait jamais réussi à développer un quelconque respect à son endroit, mais il me semble je m’habituerai encore moins au nouveau président, choisi par la confortable majorité (53%) d’un nombre record (85%) d’électeurs.

On a vu, dès dimanche soir, que la « rupture » n’était pas un mot en l’air. En une allocution de candidat victorieux, un nouveau président a pris la parole et a redessiné le visage de notre politique étrangère, europénne, et a montré qu’il allait réformer vite et fort.

Je ne me réjouis pas de notre future politique d’immigration qui va à l’encontre de ce que je sais et de ce que je crois, du futur positionnement de la France dans le monde, du communautarisme comme facteur d’intégration ou des valeurs religieuses défendue par notre nouveau et fort légitime président.

Evidemment, maintenant que c’est fait, formons le voeu que la vision de Nicolas Sarkozy soit juste, que ses recettes pour résoudre les problèmes portent leurs fruits, parce que ce serait notre intérêt bien compris.

Mais je n’y crois pas exagérément.

Je suis soufflé d’avoir aussi peu vu venir l’élection de cet homme et des renseignements qu’elle nous donne sur la structure de l’électorat français, après les diverses crises politiques que nous avons vécues ces dernières années.

En relisant « Politique Fiction » (que vous trouverez sur ce blog pendant quelques jours encore et puis pfuitt…) je m’aperçois de quelques bonnes intuitions et de petits coups de bol (Emmanuelli va vraiment créer un parti de gauche prochainement, par exemple) mais d’une lecture très imparfaite des élections de 2002.

La France a réellement glissé vers sa droite, ce que certains analystes politiques comprennent par le vieillissement de la population et l’attachement des anciens aux thêmes de l’odre, de la défense des traditions, de la religion et autres sujets d’inquiétudes, voire de peurs, et du coup la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle 2002 n’était pas seulement une sanction de la trop longue période de cohabitation Chirac-Jospin.

Du coup, la rénovation de la gauche socialiste et son futur coup de barre vers le centre, l’élection du candidat « sortant » et la faiblesse idéologique du P.S. étaient des clés qui me manquaient pour saisir le couple à trois que vont former désormais Sarkozy, Bayrou et le successeur de Hollande pour arbitrer les multiples décisions à prendre après la trop longue hypersomnie de Chirac.

Je vais désormais avoir le loisir de m’intéresser un peu à autre chose, parce que la france du Président Sarkozy ne m’amuse pas encore.

En tout cas, même si sa conclusion ne m’a pas exalté, c’était quand même une belle épopée, cette présidentielle !

La pragmatique Ségolène Royal a donc « tendu la main » à un François Bayrou moins critique à son égard qu’à celui de Nicolas Sarkozy.

La solennité de l’évenement, même s’il est dû à un calcul politicien immédiat, doit être souligné.

En 2002, la réélection d’un impopulaire chef d’état à 82% des voix dénotait, quelles qu’en soit les circonstances, une crise politique majeure pour notre vieux pays.

Cinq ans plus tard, la participation record au premier tour de la présidentielle et la claque que se sont pris les candidats représentant les extrèmes de droite et de gauche, montrait que les électeurs avaient compris la leçon et acceptaient de faire confiance (bon gré, mal gré) aux trois représentants des partis qui avaient réellement l’intention de gouverner.

Mais en tirant les enseignements de l’élection de 2002, les trois « jeunes premiers » ont profondément modifié le paysage politique et une fois les cartes redistribuées dans leurs mains par 85% des électeurs, ils sentent confirmées leurs statégies de premier tour.

Il est clair (à plus de 31%) que le président de l’UMP a eu raison de « droitiser » le discours de son camp pour piquer les électeurs d’extrème droite, et il est net (à plus de 18%) que le président de l’UDF a eu raison de remettre en question son alliance avec la droite sans se marier avec la gauche.

Les choix des deux hommes comportent des risques, dont on n’a pas fini de nous rebattre les oreilles, parfois à juste titre, mais la révolution que Royal se propose de faire dans les consciences de gauche est plutôt de l’ordre du quitte ou double.

En tendant la main, donc, au président du futur Parti Démocrate (appelé à remplacer l’UDF) la compagne du premier secrétaire du PS décide, subitement, de proposer le fameux aggiornamento que la gauche française n’avait jamais tenté.

Celle que j’appelais Mitterande rompt avec la stratégie d’alliance à gauche qui avait fait gagner son mentor politique en 1981 et amené Jospin à gouverner pendant 5 ans, et joue son avenir politique personnel avec un sang-froid qui force le respect.

Car soit elle gagne le 6 mai et elle devient alors l’incontestable leader d’une nouvelle gauche, une femme d’état dont l’empreinte politique sera durable, soit elle perd et elle sera instantanément balayée par la foule de ses contradicteurs dans son propre camp, qu’elle vient de déstabiliser une fois de plus.

[Vous me direz, Sarkozy et Bayrou risquent leur avenir aussi. Mais vu leurs résultats au premier tour et le fait qu’ils sont déjà les chefs de leurs camps réciproques, un passage dans l’opposition serait vécu comme une petite traversée du désert en attendant 2012.]

Alors si Royal nous a déjà prouvé qu’une femme est un homme politique comme les autres (pour le meilleur et pour le pire, d’ailleurs), elle est en train de nous prouver qu’elle a, si je puis me permettre cette expression particulièrement machiste, « des couilles de taureau ».

De plus, en tentant de prendre une longeur d’avance sur son électorat, Royal se pose en chef d’état visionnaire ce que Sarkozy, malgré ses qualités politiques incontestables, n’a jamais réussi à faire.

NDH : Aggiornamento, « mise à jour » en italien, est un terme qui avait été utilisé en français pour définir la volonté de changement du concile Vatican II et qui a été repris, ensuite, pour définir le changement de culture des gauches européennes après l’effondrement du communisme soviétique.

Après l’historique premier tour, nous allons désormais devoir attendre deux longues semaines pour connaître le résultat du second tour de la présidentielle 2007.

Vous vous demandez, comment vous allez tenir le coup nerveusement ? Si vos rêves seront hantés, comme les miens, par le ralliement de Pasqua à Royal et celui de Rocard à Sarkozy ou, pire, par un sanglant attentat terroriste entre les deux tours ?

En ce qui me concerne, je vais me fixer des petits suspenses successifs destinés à me faire patienter et éviter de sauter sur mon canapé comme un jeune cabri, comme j’étais tenté de le faire hier à partir du moment où j’avais voté et jusqu’à la proclamation des premiers résultats.

Le premier rendez-vous est la réunion du parti communiste qui devra décider, dès demain, de la stratégie à adopter après la catastrophe politique du score de Buffet.
Le PCF va-t-il imploser ? Hue en reprenda-t-il le contrôle ? Un grand parti se créera-t-il à la gauche du PS ?

Le second rendez-vous, chronologiquement parlant, c’est la conférence de presse de Bayrou, qui devrait avoir lieu mercredi soir.
Lancera-t-il la création d’un nouveau parti ? Donnera-t-il une fort peu probable consigne de vote pour le second tour ? Comment envisage-t-il de sauver les députés UDF (élus en 2002 avec les voix de la droite) aux législatives de juin ?

Ensuite, on entendra parler des innombrables remous que va inévitablement provoquer, au FN, l’échec de son leader historique et tout plein d’autres bonnes choses, mais, comme d’habitude, on ne pourra voir qu’un épisode à la fois.

Vivement, vivement, vivement !

– Maman, maman, pourquoi c’est pas moi le président ?

– Tu veux être président ?

– Oui ! Oui !

En croisant la jeune maman et son petit garçon à l’avenir présidentiel, je m’assurai que j’étais sur le bon chemin pour mon bureau de vote de la rue Jean Jaurès (ça ne s’invente pas).

Je m’approchai des piles de bulletins et une retraitée souriante me dit avec le ton de la phrase répétée déjà une bonne centaine de fois :

– Monsieur, vous devez prendre au moins deux bulletins.

Ayant décidé depuis longtemps que je ne voterai pas avec mon coeur mais avec ma tête, il me semblait parfaitement inutile de m’encombrer de deux bulletins, mais j’avisai un autre bulletin qui me semblait amusant et je m’enfermai dans l’isoloir.

Sur le chemin du retour, où je m’apercevais que c’était la première fois que je votais depuis 14 ans, je continuai à m’étonner du nombre de gens qui ne parlaient que de la présidentielle et de comment ils avaient voté ou allaient le faire.

Hé, vous avez choisi quel président ? répétait notamment une fillette à ses parents qui ne l’écoutaient pas.

Je suis déjà bouffé par l’impatience de connaître les résultats de ce soir et ravi de savoir que la participation n’avait jamais été aussi importante depuis ma naissance.

Quoi qu’il arrive, je ne regretterai pas mon vote.

A cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les candidats mettent le « dernier coup de rein » (dixit Bayrou) pour séduire leur électorat et celui du voisin (ou de la voisine), le scénario des « quatre grands candidats dans un mouchoir de poche » qui nous est promis depuis des semaines, ne me paraît, d’un seul coup, plus crédible.

Depuis le début de la campagne, quelques verités nouvelles se sont imposées. Royal tient la route, elle s’améliore même dans la dernière ligne droite, Sarkozy s’essouffle et recommence à inquiéter une partie des électeurs, Bayrou a réussi son opération de séduction mi-contestataire mi-conservatrice et Le Pen, à trop radicaliser son discours, a pris le risque de se couper des voix modérées qui ont fait son succès en 2002.

Et puis, ce qui était beaucoup plus attendu : le grand gagnant de cette campagne est le vote utile. Les « petits candidats » se situent dans une fourchette particulièrement basse et ont toutes les peines du monde à convaincre qu’ils représentent une alternative crédible (souvent parce qu’ils n’en sont pas convaincus eux-mêmes mais passons…).

Chaque élection présidentielle comporte une surprise de taille au premier tour et il est donc relativement prévisible que celle-ci en comporte une, même si les sondeurs n’osent plus tenter de pronostics sur la question.

Du coup, je vais tenter ma chance.

En me fondant sur les impressions que me laissent cette campagne, les faits divers qui l’ont émaillée et les dynamiques autour de chacun des quatres candidats principaux (UMP, PS, UDF, FN) il me semble presque évident que l’un d’entre eux va brusquement dévisser dimanche soir.
On aura un tiercé gagnant dans « un mouchoir de poche » et le quatrième entre 10 et 15%. Le quatrième sera Le Pen ou Bayrou mais plus probablement Le Pen.

De plus, je suis prêt à parier gros que le score de Sarkozy sera plus bas que celui prévu par les sondages et celui de Royal bien plus haut. Cette dernière pourrait même être en tête.

On n’a plus que quelques jours à attendre. Je me réjouis déjà de ma soirée de dimanche, que je vais passer – une fois n’est pas coutume – devant la télé pendant des heures, à me délecter des différentes interventions, des trognes des déçus et de la joie des vainqueurs tout en écoutant déjà l’avis des politologues sur le second tour de la présidentielle.

En attendant, je m’appliquerai la règle que je chuchotte à l’oreille de tous mes proches : je vais choisir mon candidat ou ma candidate parmi les deux ou trois qui ont une chance d’être au second tour.

Et puis, bien sûr, j’irai voter.

En démarrant mes révisions pour une nouvelle matière qui répond au doux nom de « spécification formelle » et qui semble à la croisée des chemins entre mathématiques, algorithmique et logique propositionnelle, je me suis arrêté sur deux phrases que je devais « spécifier ».

Deux phrases qui, une fois « spécifiées » étaient clairement différentes alors qu’en « français » je me suis aperçu que la différence n’était pas aussi facile à entrevoir.

Du coup, je les soumet à votre sagacité.

Quelle est la différence entre : « Aucune personne ne peut être à la fois un homme et une femme » et « Toute personne est soit un homme soit une femme »

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