Suite à l'intervention surréaliste du chef de l'Etat, suivie par 20 millions de téléspectateurs (un record !) vendredi dernier, le cirque continue à l'UMP.

Dominique de Villepin se vante dans les médias de "ne pas avoir été désavoué", ce qui est déjà idiot, mais ajoute en plus qu'il a, lui-même toujours été réservé sur la période d'essai de deux ans ou l'absence de motif de licenciement du C.P.E.

Autrement dit la crise sociale l'a aidé à modifier le texte comme il l'aurait souhaité de toutes façons.

Voilà qui me laisse sans voix. Il me semble que même Chirac n'aurait pas osé la faire, celle là.

Et c'est donc aux parlementaires UMP, sous la houlette de Sarkozy, que Chirac a demandé de revoir le C.P.E.

Ca n'a rien d'un désaveu (on est priés de le croire) mais c'est tout de même une façon à peine polie de dire à Galouzeau qu'on se passera de ses services, non ?

Même le président de l'UDF, l'inénarrable Bayrou, ironise sur cette "délégation de pouvoir" du chef de l'Etat au président de l'UMP. C'est vrai que c'est croustillant, mais en plus c'est une jolie façon de refiler la patate chaude à un Sarko qui n'en demandait pas tant et qui a toutes les chances de braquer l'opinion à son tour.
(D'ailleurs "le nain" – comme dirait Chirac – risque d'avoir rapidemment d'autres chats à fouetter, grâce à son projet de loi sur l'immigration qu'on peut résumer en une phrase : "La France on t'y accueille si on a besoin de toi" et qui à déjà mis en colère un paquet d'associations)

Au final, on se retrouve avec une "loi sur l'égalité des chances" amputée de son article 4 sur "le rôle positif de la colonistation" (on avait failli l'oublier celle là, hein ?) et de son article 8 relatif au "contrat première embauche".

C'est donc un formidable succès pour la majorité (on n'est même pas priés de le croire, là) qui introduit quelques nouveautés un peu originales dans le droit français.

Pour commencer, réforme de l'apprentissage, qui abaisse de facto la limite d'âge pour la scolarité obligatoire de 16 à 14 ans.

Ensuite généralisation des contrats précaires pour les jeunes par un artifice particulièrement vicieux. Si un patron n'utilise pas de jeunes en contrat de qualification, d'apprentissage et autres sous-contrats dits "professionnalisants", une partie de ses taxes sera augmentée très sensiblement.

Ca a l'air bien comme ça, mais ça veut dire que désormais le patron aura tout intérêt à embaucher des jeunes hors CDI sinon il va douiller. Voilà qui va faire plaisir à la "génération Chirac" qui est déjà dans la rue… (enfin dès qu'elle s'en apercevra car pour le moment c'est silence radio)
Puis, rétablissement d'une sorte de service civil pour les jeunes de 16 à 25, histoire d'apprendre la vie à tous ces sauvageons néo-soixante-huitards.

Et, enfin, une mesure beaucoup plus intéressante sur la visibilité des "minorités" (???) raciales à la télévision. Ce qui est pas mal sur le fond (encore que ce soit triste d'en arriver là, mais passons) et particulièrement sympa sur la forme puisque grâce à ça, cet été, c'est le joli Harry Roselmack qui va lire le prompteur de TF1 à la place de PPDA.

Tout ça est bien orchestré, fait de l'audimat et permet à la jeunesse de faire ses armes de militantisme et de solidarité, mais il ne faudrait surtout pas oublier que les vraies raisons de ce cirque sont politiciennes, relatives à l'année électorale qui arrive et n'ayant rien à voir avec le bien commun.

Pour ceux qui croiraient encore le contraire, je les invite à regarder une seconde fois l'intervention de "Jacques Chirac, président de la République" (décidemment je ne m'y fais pas !).